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Parole d’expert | Les véhicules autonomes bientôt sur nos routes ?

Vehicle's digital twin

En matière de véhicule autonome, les observateurs sont d’accord sur le fait qu’il reste du chemin à parcourir. Et pourtant ACTIA, par sa maîtrise des architectures électroniques et de la connectivité des véhicules propose déjà des briques technologiques directement liées aux fonctionnalités des véhicules connectés et autonomes. David ELIZALDE, directeur du Développement & Programmes d’Innovation d’ACTIA, expose les enjeux technologiques du véhicule autonome et notamment le concept de jumeau numérique du véhicule. Il nous apporte aussi son éclairage sur les risques de souveraineté numérique liés au véhicule autonome.

Quels sont les avancements dans les véhicules autonomes aujourd’hui ?

La technologie du véhicule autonome se décompose en 5 niveaux. Au niveau 1, le conducteur est encore présent et est assisté par des fonctions électroniques. Au niveau 5, il n’a y plus de conducteur et le véhicule gère ses fonctions et son environnement dans n’importe quelle condition.

À ce jour, la majorité des expérimentations de véhicules autonomes a été réalisée pour des applications professionnelles : principalement dans le domaine du transport de passagers en milieu urbain et appliqué sur des véhicules électriques. Citons l’exemple de la mise en circulation récente de navettes dans certaines villes-pilotes, permettant d’expérimenter le niveau maximal en matière d’autonomie : à savoir le niveau 5.

Dans le domaine des véhicules légers, atteindre le niveau 5 n’est pas la priorité à court ou moyen terme pour les constructeurs automobiles. Plutôt que de donner une autonomie complète au véhicule, il s’agira de pouvoir autoriser le conducteur à lâcher temporairement les mains dans certaines situations : conduite en zone de bouchons par exemple.

Mais le processus d’autonomisation de la conduite est lancé chez la quasi-totalité des constructeurs : constructeurs de véhicules légers ou de poids lourds.

Quels sont les prérequis techniques sur lesquels repose le véhicule autonome ?

L’arrivée des véhicules autonomes repose sur trois piliers technologiques principaux.

Premièrement, la digitalisation des véhicules et la capacité à les représenter de façon la plus fine possible sous forme de données. L’objectif étant de piloter et de surveiller à distance toutes les fonctions et opérations des véhicules. Ce processus s’appuiera de plus en plus sur les technologies d’intelligence artificielle, qu’elle soit embarquée sur le véhicule ou basée sur des traitements de données récoltées sur le Cloud : afin d’optimiser le comportement du véhicule et d’anticiper des pannes.

Ensuite, la connectivité des véhicules, c’est-à-dire leur mise en connexion avec des réseaux de communication. C’est ce que l’on appelle le véhicule connecté. À ce jour, nous estimons à 30 % la part des véhicules légers connectés dans le monde. Cette proportion est en revanche proche de 100 % dans le domaine du transport routier par poids lourds : logistique connectée ou de transport public de passagers dans les villes. Le véhicule connecté sera également un des principaux débouchés de technologie 5G en cours de déploiement. Cette technologie offre des débits bien supérieurs à la technologie 4G ou 3G utilisées actuellement.

Enfin, la sécurisation des données : security en anglais et la sûreté des passagers : safety en anglais.

Monter à bord d’un véhicule autonome se heurte tout d’abord à la méfiance des passagers, sur la capacité du véhicule à le transporter de manière sûre et sécurisée.


Quelle réaction va avoir le véhicule autonome lorsqu’il sera confronté à une nouvelle situation qu’il n’a jamais vécue ? Comment va se comporter le véhicule en cas de défaillance d’un de ses équipements : moteur, portes automatiques, etc. ?

Du côté des opérateurs de transport public, la défiance s’exerce autour de cybersécurité.
Est-ce que mon véhicule ou ma flotte de véhicules est protégé contre des cyberattaques visant à les neutraliser ? De nombreux travaux de normalisation sont en cours sur ce sujet.

Qu’est-ce que le concept de jumeau numérique du véhicule ?

Le concept de jumeau numérique du véhicule est un processus qui permet de représenter l’ensemble de ses caractéristiques techniques ainsi que tous les paramètres liés à son fonctionnement sous forme digitale :

  • trajets réalisés ;
  • temps d’utilisation ;
  • consommation ;
  • problèmes techniques…

Tous les acteurs actuels de la filière automobile : constructeurs, équipementiers, opérateurs de service investissent massivement dans la digitalisation de leurs produits et services, afin d’être en mesure d’en créer un jumeau numérique.

Cela s’accompagne par la création de quantités très importantes de données. Ils seront exploitées par la suite par des algorithmes d’intelligence artificielle.

Quelle utilisation de ce jumeau numérique du véhicule propose ACTIA  ?

Pour ACTIA l’enjeu est de compléter et transformer son activité d’équipementier historique dans les systèmes de diagnostic automobile pour développer des solutions plus intelligentes basées sur des algorithmes d’IA.

Ces solutions de traitement de données des véhicules viennent au service des exploitants et des opérateurs bien sûr : dans le but d’anticiper les pannes et assurer un taux d’exploitation optimal ; mais également au service des constructeurs pour garantir le meilleur taux de possession (TCO) à leurs clients. On parlera alors de diagnostic prédictif de véhicule.

De premières expérimentations en partenariat avec nos clients constructeurs sont probantes, notamment dans le secteur des transports publics.

Et quels sont les enjeux pour la souveraineté numérique ?

Comme vu précédemment, l’avènement du véhicule autonome repose sur quelques grandes familles de technologies, qu’il est important de maîtriser pour permettre à un pays ou une zone d’être souveraine.

Les composants électroniques de traitement de données embarqués sur les véhicules autonomes : même si la France et l’Europe ont de grands champions dans ce domaine (surtout en R&D), la crise actuelle des composants montre la grande dépendance de notre continent à la production de ces composants.
Il est donc urgent pour l’Europe et la France de structurer des filières de production pour pouvoir garantir la viabilité industrielle du véhicule autonome ;

Les infrastructures de réseau de communication permettant l’échange de données entre les véhicules connectés et des serveurs des opérateurs notamment. La technologie 5G en est un bel exemple.
L’Europe dispose de deux équipementiers de télécommunication d’envergure mondiale lui permettant d’assurer une souveraineté relative face à des géants américains ou chinois.

Les infrastructures de stockage de données : c’est le domaine d’excellence des GAFAs américains et le point faible de l’Europe. Cette dernière a besoin d’accentuer sa démarche pour se doter de moyens et être souveraine sur ces sujets. Même s’il y existe déjà des initiatives nationales.

Le traitement de données où l’Europe regorge de compétences sur toutes ces technologies : IA, edge computing… Nous ne voyons donc pas de risque pour la souveraineté numérique à ce niveau.

Le véhicule autonome est une nouvelle technologie qui va se déployer de manière importante dans les années à venir.
Elle se développe pour le moment principalement sur des véhicules électriques destinés au transport urbain de passagers, où le niveau d’autonomie maximal (niveau 5 sans conducteur) est appliqué.
La diffusion de cette technologie dans les véhicules légers sera plus lente et sera adoptée dans un premier temps pour des niveaux d’autonomie inférieurs, laissant toujours au conducteur la possibilité de reprendre le volant.

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